mardi 24 mai 2016

Editorial: Un minimum de réalisme et de tolérance pour sauver le Burundi

Éditorial
Agence BUJUMBURA News
(Nairobi, mardi 24 mai 2016) 
UN MINIMUM DE RÉALISME ET DE TOLÉRANCE POUR SAUVER LE BURUNDI
Les travaux des pourparlers de paix inter burundais ont débuté le 21 mai 2016 à Arusha en Tanzanie sous l’égide du facilitateur désigné par la Communauté Est Africaine, S.E Benjamin William MKAPA, ancien Président de la République Unie de Tanzanie. Une délégation gouvernementale burundaise plus quelques formations politiques alliées de même que certains Partis politiques de l’Opposition ainsi que des représentants des confessions religieuses, de la jeunesse, des femmes et de la société civile ont répondu favorablement à l’invitation du facilitateur. Le grand absent à ce round aura été le Conseil National pour la Respect de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et l’Etat de Droit- CNARED-GIRITEKA ; la facilitation aurait refusé de l’inviter comme une entité, parce que semble-t-il, le gouvernement du Burundi le considère comme un groupe de rebelles qui a participé à l’organisation du putsch manqué du 13 mai 2015.
Rappelons que le Burundi, notre pays, est à feu et à sang à cause d’un individu dont les préoccupations majeures sont les honneurs et la fortune. En effet, la situation qui prévaut actuellement au Burundi résulte indiscutablement de la mauvaise gouvernance et de la corruption notamment par un système politique qui a étalé au grand jour son incapacité à gérer la chose publique, à assurer la protection et la sécurité de la population et à consolider la paix et la réconciliation nationale. Malgré ces défaillances, Pierre NKURUNZIZA n’a pas voulu renoncer à son ambition illégitime de briguer un troisième mandat à la tête du pays ignorant sciemment les conséquences dramatiques qui en découleront !
Les burundais doivent cesser de badiner avec des questions aussi vitales que la vie d’une nation ou d’un peuple en danger. En effet, comment pourrait-on affirmer que le dialogue politique inclusif qui est réclamé par l’opposition est identique aux négociations de paix d’Arusha des années 1993-2003 alors que la nature du problème et la conjoncture socio-politique de l’époque sont différentes à celles qui prévalent aujourd’hui. Signalons qu’à l’époque, il était question de réhabiliter le Parti FRODEBU dans ses droits et d’étudier en même temps les voies et moyens de rétablir la paix, la sécurité, la justice et la réconciliation nationale.
Notons, par ailleurs, que le facilitateur tanzanien connaît parfaitement la problématique politico-ethnique burundaise pour avoir participé aux négociations de paix de 1993-2003. Il connaît bien la force de l’une ou l’autre formation politique et ce qu’elle vaut réellement sur le terrain. Donc, ces Partis politiques qui revendiquent haut et fort le droit de participer à ce dialogue politique ne sont en réalité que des coquilles vides. Laissez-les bouder pour mieux digérer leur courroux et leur désarroi ; ils finiront par se décider à attraper le train en marche.
LE CHOIX DES PARTICIPANTS AURAIT-IL ETE FAIT SELON LES NORMES ET L’EQUITE ?
Les burundais ne doivent pas ignorer que leur refus de participer à ce dialogue risque de réveiller les démons de la violence. Pour la majorité des burundais, il apparait que cette formule de sélectionner les key-players est la meilleure voie de sortie de crise tant sur le plan organisationnel, matériel que financier. Et du reste, nous devons admettre que ce scénario a été payant sous d’autres cieux et dans d’autres circonstances. Tenez, au Burundi, le partage des postes est négocié entre Hutu et Tutsi à l’exclusion des ganwa et des twa. De même, les catholiques, les anglicans et les musulmans sunnites représentent les confessions religieuses dans différentes commissions nationales à l’exclusion des méthodistes, des adventistes et des chiites. Donc, un minimum de compréhension, de réalisme politique et de tolérance s’avère indispensable pour sauver le Burundi de cette tragédie sciemment organisée par NKURUNZIZA pour s’accrocher éternellement au pouvoir.
LE ROUND EN COURS : UNE ETAPE DELICATE
Comme d’aucuns l’avaient prédit, ce round constitue l’étape la plus ardue du processus de paix au regard des préalables imposés par les parties prenantes aux négociations. Concrètement, il n’existe que deux options ci-après :
  1. La poursuite de la stratégie du pourrissement : cette guerre d’usure que se livre les antis et les pros 3ème Mandats où un retour à la paix se brade avec cynisme ;  le gouvernement pourrait négocier la paix avec l’Opposition à condition que la Communauté internationale s’engage à assurer à NKURUNZIZA et ses partisans l’immunité nécessaire contre toute poursuite judiciaire éventuelle à l’intérieur et à l’extérieur du Burundi. Il pourrait, ainsi,  être prêt à partager le pouvoir avec quiconque le voudra à la seule condition que NKURUNZIZA reste à la tête du pays.

  1. Les forces armées respectueuses des Accords d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi face à leurs responsabilités : concrétiser leur volonté légitime de renverser le pouvoir.

LA STRATEGIE DU POURRISSEMENT ET LA BOULIMIE POLITICIENNE, UNE MARQUE DEPOSEE DU REALISME POLITIQUE BURUNDAIS
L’Opposition ainsi que par la société civile et les mouvements de la jeunesse et des femmes restent intransigeants sur la question du 3ème mandat qu’ils considèrent comme la cause fondamentale de cette situation alors qu’en réalité, le 3ème mandat n’aura été qu’une goutte qui a fait déborder le vase. La cause réelle de cette crise c’est, entre autres, la mauvaise gouvernance, la corruption et l’incompétence de Pierre NKURUNZIZA et ses partisans dans la gestion du pays.
Par contre, d’autres opposants moins rigides estiment que la paix n’a pas de prix ; il faudra souscrire à la proposition de couper la poire en deux ; la première partie de la transition serait dirigée par NKURUNZIZA et la seconde par l’Opposition. Le reste des institutions y compris l’Assemblée Nationale, le Sénat, le Gouvernement, la diplomatie, etc. seraient accessibles à l’Opposition et à partager selon la formule 60% Hutu----40% Tutsi. Quant à la Force de Défense Nationale et la Police, le quota de 50% resterait inchangé pour chaque ethnie.
LE POUVOIR NE S’OFFRE PAS, IL S’ARRACHE
Toute négociation de paix doit prendre en compte les éléments essentiels suivants : le cadre de négociation, la qualité des acteurs, le caractère inclusif des participants, les thématiques, etc.             Par conséquent, une approche ou un processus qui omettrait volontairement ou non d’associer l’une ou l’autre partie concernée notamment les groupes armés, aura certainement des difficultés insurmontables pour faire aboutir ce processus dont les travaux sont d’office voués à l’échec. Cette défaillance sera considérée comme un manquement grave par mauvaise foi ou par intérêt inavoué à notre devoir de venir en aide aux personnes en danger ou aux groupes politiques et ethniques que NKURUNZIZA et ses partisans sont déterminés à exterminer systématiquement. Et cela s’appelle génocide. Nous n’accepterons plus jamais ça dans notre pays et dans la sous-région.
Par conséquent, il incombe au facilitateur dans la crise burundaise de privilégier la participation des groupes armés d’autant plus que la préoccupation majeure des burundais est le retour à la paix et la sécurité des populations civiles et militaires qui sont devenues la cible privilégiée du commando de la mort.
Bien évidemment, la communauté internationale et l’opinion nationale nous invitent à faire des concessions pour pouvoir sauver les burundais et sortir honorablement de cette crise. Mais il faut avouer que personne n’y arrivera tant que les burundais n’auront pas trouvé de réponse aux deux questions fondamentales ci-après :
  • Sommes-nous disposés à négocier la paix contre le partage de pouvoir avec ou sans NKURUNZIZA, afin de sauver le pays et cette jeunesse tutsi et hutu modérée qui se trouve, hélas abandonnée à elle-même ?
  • Ou sommes-nous capables de faire face aux  moyens forts dont dispose NKURUNZIZA pour rétablir la paix, la sécurité, la stabilité et la démocratie ?

Toujours est-il que, NKURUNZIZA est prêt à partager le pouvoir avec l’Opposition sans toutefois changer de régime ou mettre en place un gouvernement de transition. C’est donc le statut quo !

2 commentaires:

  1. NAISSANCE D'UN "KINANI II"

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  2. si nkurumbi est toujours présent aux affaires, il n y aura jamais de paix, vous vous souvenez à l'époque sur le premier mandat (ou 2ème si je ne me trompe pas), un chef de région militaire sous la protection de nkurumbi, tue la population innocente de muyinga et la jette dans RUVUBU! beaucoup de membres du FNL qui sont morts pendant le 2ème mandat ! souvenez-vous on avait pas encore parlé de 3ème à cette époque !!
    sans oublié le génocide qui est entrain de se faire sur la minorité tutsi actuellement, nkurumbi l'a bel et bien préciser qu'il va tuer les tutsi un à un " nzobamara nk'ifu yimijira ", il l'a dit publiquement et sans honte !! et ben satan n'a pas de honte !

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