dimanche 3 avril 2016

Burundians in Action Canada appelle à une grande mobilisation des jeunes pour sauver le pays

Ciramunda : Cela fait quelques jours que les jeunes de la diaspora, surtout du Canada, Europe et Afrique, ont publié une pétition sur Internet demandant aux jeunes de prendre les choses en main pour qu’ils essaient tout ce qui est en leur pouvoir afin que la paix soit restaurée au Burundi, mais surtout pour que le Burundi soit dirigé par de bons leaders compétents.

Notre invitée de ce jour est Mme Lyse-Pascale INAMUCO. Nous vous saluons là où vous êtes au Canada. Vous êtes la leader du Mouvement des jeunes qui s’intitule "Burundians In Action Canada", mais vous travaillez surtout dans l’alliance des jeunes pour les inviter à prendre les choses en main.

La première question, avant d’aborder la grande question, est de savoir comment vous vivez la situation de crise au Burundi avec toutes les mauvaises nouvelles qui vous parviennent chaque jour? Cela fait déjà plus de dix mois que le Burundi est plongé dans cette crise. Comment le vivez-vous? Comment le voyez-vous? Au travail, à l’école ou en famille, comment vivez-vous tout ce qui arrive au Burundi vu que vous êtes loin? Partagez-le avec nous en peu de mots. À vous la parole Mme Lyse-Pascale INAMUCO.

Lyse-Pascale : Ces moments que traverse le Burundi ne sont pas faciles du tout pour nous même si nous paraissons être loin. Comme vous le savez, nous vivons à une époque où nous avons accès à l’internet, aux réseaux sociaux comme Facebook et Whatsapp, nous pouvons  donc communiquer avec les nôtres. Nous entendons ce qu'ils subissent, nous ressentons leur souffrance, nous voyons tous les jours des cadavres, nous entendons parler des viols que subissent les femmes et les filles. Tout cela nous fait très mal.

On ne peut s'empêcher d'être terrifié par la situation, raison pour laquelle nous nous sommes levés depuis 2014 lorsque nous commencions à voir tous les signes montrant que le gouvernement de Nkurunziza opprimait la population. Nous nous sommes levé en tant que jeunes burundais vivant au Canada pour demander à la communauté de se lever pour agir conséquemment vu que les leurs ne pouvaient ni bouger ni exprimer leurs opinions sans être terrorisés par la milice Imbonerakure à qui le gouvernement, cet État de criminels, avait fourni armes à feu et machettes. Donc, sans vous mentir, lorsque les burundais se rencontrent, que ce soit au travail ou à l'école, ils discutent de la situation qui prévaut au Burundi.

Les burundais du Canada ont fait tout ce qu'ils pouvaient. Comme vous l'avez entendu, ils ont frappé à la porte des députés, de leurs représentants au Parlement et les résultats démontrent que le Canada a prêté oreille aux demandes de la communauté burundaise. Comme vous le savez, le Canada a interdit la tenue des élections organisées par l'ambassade du Burundi au Canada. Nous les en remercions sincèrement.

C: Revenons alors à la question principale qui nous intrigue à cette émission de la Radio Bujumbura Internationale en cette date du 13 mars 2016. Vous avez présenté vos idées dans une très longue lettre que vous avez publiée sur internet et envoyée à tous ceux que vous avez pu rejoindre. Quel est, en peu de mots, le contenu de cette lettre pour que les auditeurs de la Radio Bujumbura Internationale, les burundais et les amis du Burundi, puissent le comprendre afin de vous soutenir. La parole est à vous Mme Lyse-Pascale INAMUCO du Canada.

LP: Nous sommes des jeunes vivant en dehors du pays où nous sommes nés. Certains d'entre nous vivent en Amérique et en Europe, les autres sont refugiés dans différents pays de l'Afrique. Nous sommes Tutsis, nous sommes Hutus, ce qui est le plus important est que nous sommes burundais et sommes attristés par les évènements sinistres qui secouent le Burundi. Nous sommes attristés de voir nos frères et sœurs, des jeunes comme nous, nos petits frères, des femmes et des hommes se faire massacrer. Nous avons vraiment mal au cœur.

Ayant analysé la situation, nous avons réalisé que toutes les crises que le Burundi a traversé, et surtout la crise actuelle, sont causées par un système de mauvaise gouvernance, par un mauvais leadership. Ce n'est pas l'ethnie qui est le problème comme on veut nous le faire croire. C'est un mauvais système qui opprime le peuple, qui ne vise que les intérêts personnels ou politiques d'un certain groupe d'individus au détriment du peuple burundais. Très souvent, il s'agit d'un groupe d'individus voulant se cramponner au pouvoir ou alors y accéder et qui, pour arriver à leurs fins, commettent des crimes contre l'humanité, dont le génocide. Malheureusement, le bas peuple est celui qui paie le lourd prix et subit les conséquences des méfaits commis par ledit groupe: les enfants, les femmes, les personnes âgées, et surtout les jeunes comme c'est le cas actuellement. Le comble est que ces derniers ne savent même pas pourquoi ils sont persécutés et massacrés!

Nous nous sommes mis ensemble, en tant que jeunes, après avoir réalisé que nos forces sont utilisées par les politiciens comme moyen leur permettant d'atteindre leurs intérêts et non ceux de la masse ni des jeunes qui, je vous le rappelle, constituent plus de la moitié de la population.

Les jeunes veulent sincèrement un changement réel. Ce désir a été manifesté lors des manifestations lorsqu'ils sont allés dans la rue protester contre le 3e mandat anticonstitutionnel de Nkurunziza, contre un gouvernement de criminels, un gouvernement qui pille les biens du pays et des citoyens. C'était la première fois que Hutus et Tutsis se tenaient debout, ensemble, afin de se battre pour le bien du pays. Cela nous a montré que les jeunes sont les seuls à pouvoir et à réellement vouloir surmonter leurs différences pour concentrer plutôt leurs efforts à la construction du Burundi et de leur avenir sans tenir compte de la longueur ou largeur du nez, de la taille, de la province, mais plutôt en donnant de l'importance aux compétences et au travail.

Nous croyons fermement que nul n'est mieux placé pour connaître les problèmes que traversent le Burundi, puisqu'ils en subissent les conséquences tous les jours. Ainsi, les jeunes sont bien positionnes pour trouver la meilleure solution à tous ces problèmes. C'est pour cette raison que nous nous sommes unis.

Il est malheureux de voir comment les jeunes sont entrain d'être exterminés tandis que certains de nos ainés courent après leurs intérêts. Nous souhaitons comprendre ce qu'ils font mais en vain. Ceci ne veut pas dire qu'ils ne fournissent pas des efforts, loin de là! Cependant, nous savons que nous pouvons aussi contribuer grandement à la recherche des voies de sortie de cette crise.

Partout où se trouvent les jeunes, ils doivent être conscients qu'ils ont un grand rôle à jouer. Ils ne devraient pas se prendre pour des enfants et surtout pas accepter d'être utilisé ou de laisser les autres s'approprier leurs idées. Non! Ils doivent comprendre qu'ils doivent se lever eux-mêmes, car personne ne le fera pour eux.

C: Nous arrivons à la fin de notre émission, mais nous voulons vous donner le temps de lancer un appel aux jeunes pour qu'ils rejoignent le mouvement afin que vous puissiez travailler ensemble peu importe où ils sont. Essayez de leur donner un message réconfortant, essayez de leur dire comment ils peuvent travailler pour que le mouvement soit fort et que les choses changent pour le meilleur au Burundi, au lieu de continuer à régresser. À vous la parole Mme Lyse-Pascale INAMUCO.

LP: À la jeunesse burundaise partout autour du monde, sachant que vous êtes burundais, sachant que vous êtes nés au Burundi, bien que certains aient quitté le pays étant enfants, d'autres se trouvant toujours au Burundi dans une situation invivable, les mains ligotées, entrain de se cacher pour ne pas être tué, ... je vous prie de recevoir ce message, d'entendre cette voix d'une jeune comme vous qui vous porte à cœur, détestant voir les horreurs que vous subissez et les moments sombres que le Burundi traverse.

Sachant bien que nous, les jeunes, avons la force,
Sachant bien que nous, les jeunes, avons la détermination,
Sachant bien que nous, les jeunes, avons soif d'un vrai changement,
Ne nous laissons pas contaminer par les divisions ethniques, comme ils le souhaitent.

Il est vrai que le gouvernement est entrain de tuer les Tutsis, il ne s'en cache pas! Il est aussi vrai qu'il est entrain de tuer les Hutus n'adhérant pas à leur idéologie, il ne s'en cache pas! Toutefois, si nous ne nous levons pas pour les combattre, si nous ne nous levons pas pour résister, nous risquons de revivre la même chose d'ici 10-20 ans. Nous risquons de nous retrouver entrain de répéter ce cycle vicieux. Nous ne devons pas l'accepter! Nous devons nous lever et nous battre pour le changement, nous battre pour notre avenir et nous pouvons y arriver!

Unissons-nous! Partout où vous êtes, jeunesse, sachez que vous avez un rôle à jouer; ne vous comportez pas comme si vous n'étiez pas concerné soi-disant parce que vous êtes loin ou en exil. Non! N'abandonnez pas votre pays!

J'aimerai terminer en m'adressant à nos ainés. Qu'ils ne pensent surtout pas qu'on leur demande de faire profil bas. Pas du tout! Nous avons besoin de leurs connaissances acquises par l'expérience ainsi que de leur sagesse, mais nous avons aussi besoin qu'ils nous prêtent oreille car notre apport pouvant être très utile. Effectivement, si on nous appelle "Burundi de demain", il nous faut préparer ce futur dès maintenant.

Qu'il nous soit donc accordé l'opportunité de montrer de quoi nous sommes capables en nous laissant prendre le devant et en acceptant de nous donner la parole, car si nous travaillons main dans la main, il est impossible que nous ne puissions vaincre le mal. Merci.

C: Nous vous remercions Mme Lyse-Pascale INAMUCO du Canada.

LP: Merci de nous avoir donné la parole !

C: Merci à vous !

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