vendredi 25 mars 2016

Le pays de Samandari Power (épisode 2) par KARAYENGA Athanase

Burundi : Le pays de Samandari Power
Épisode 2

Qui a dit que le Burundi était le pays le plus pauvre et le plus malheureux de la planète ? C’est d’ailleurs une tautologie. Quand un pays d’Afrique, dite noire, est le plus pauvre, il est forcément le plus malheureux ! Dans les milieux anti africains de l’Affreux-pessimisme, la chanson est connue : « Noir c’est noir. Il n’y a plus d’espoir au Burundi. »

Mais quand même ! Affirmer que le Danemark, où il fait souvent des températures polaires, lesquelles ont figé la Sirène sur la plage en face de Copenhague et l’ont transformée en bloc de pierre, prétendre que ce pays est plus heureux que le Burundi où il fait 20° en moyenne toute l’année, c’est vraiment se moquer du monde. Comment peut-on d’ailleurs être heureux dans un pays froid du grand nord ?

A l’inverse, comment le Burundi, peut-il être le pays le plus pauvre du monde avec neuf mois de pluie par an, un climat délicieux, un printemps perpétuel qui permet deux saisons culturales par an, des rivières qui rivalisent d’ardeur pour alimenter les bassins de deux grands fleuves mythiques africains, le Nil et le Congo, un pays que berce les vagues du sublime lac Tanganika, une véritable mer intérieure ?

Comment le Burundi avec ses paysages d’une beauté à couper le souffle, un pays où poussent les haricots, les bananes, le manioc, les fraises, les choux, les carottes, le poireau, le blé, le riz, le coton, le café, le thé, la canne à sucre, cultures africaines et européennes associées, comment un pays où les fleurs poussent 24 heures sur 24 et 12 mois par an, comment ce pays, gorgé de nickel, de cobalt, de cuivre, de platine, de phosphates, de pétrole, d’or et de terres rares, bref comment ce paradis, certes provisoirement perdu, et dont la devise ancestrale était, comme dans la bible, «pays de lait et de miel », comment, Bon Dieu, le Burundi chéri peut-il être étiqueté comme le pays le plus pauvre et le plus malheureux du monde ?

Donnez le Burundi en location-vente à trois paysans allemands, ils le transformeront en grenier de l’Afrique en une saison. Sont-ils bêtes ou jaloux ces ignares qui insultent « Notre Burundi », (Burundi Bwacu) et le ravalent au rang de vestibule de l’enfer ? Oui, c’est une grossière malveillance. C’est une méchanceté avérée du « Fonds Monétaire Imaginaire. »

Comment le Burundi peut-il être le pays le plus pauvre du monde alors que son prétendu président est un des hommes les plus riches de la planète ? Le Burundi ne peut pas être le plus malheureux non plus. Voyons ! C’est une boutade grotesque. Heureusement elle ne découragera pas les fameux Batimbo qui, avec force, élégance, exubérance, allégresse et maestria inégalée et unique au monde battent les Tambours Sacrés depuis des siècles. Ces Tambours figurent désormais dans le patrimoine mondial de l’humanité ! Les tambours sont l’âme ardente du peuple burundais.

D’ailleurs, persister dans l’erreur et continuer à affirmer cette contrevérité saugrenue, que le Burundi est le pays le plus pauvre et le plus malheureux du monde, constitue un crime gravissime, aux termes du code pénal du Burundi. Il proscrit, en effet, « toute allégation mensongère qui porte atteinte au moral des Forces de Sécurité du pays.» C’est une infraction très grave. Elle vaut la peine capitale au coupable jugé.

Pourquoi ? Parce que nos troupes sont engagées dans des opérations dangereuses de défense de la paix et de la démocratie en Somalie, en République Centrafricaine, en Côte d’Ivoire, en Haïti. Le prétendu président du pays le plus pauvre et le plus malheureux de la planète est d’ailleurs disposé à les fourguer à n’importe quel pays en guerre et à les brader, même à vil prix, pour qu’elles guerroient sur tous les champs de bataille où le monde civilisé est aux prises avec la barbarie du terrorisme.

Les troupes burundaises, pourtant incapables de ramener la paix dans leur propre pays, sont malgré tout prêtes à en découdre avec les organisations qui sèment la terreur dans le monde. Parce que leur engagement mercantile rapporte énormément d’argent au pays. Pardon, au prétendu président du pays le plus malheureux et le plus pauvre du monde.

Heureusement que les citoyens des pays qui payent des sommes astronomiques pour soudoyer l’armée burundaise afin qu’elle fasse leurs sales guerres par procuration et préserve leurs soldats ne le savent pas. Heureusement qu’aucun pays donateur n’a jamais demandé à une commission parlementaire de se rendre à Bujumbura pour mettre son nez dans la comptabilité des aides accordées, les yeux fermés, au pays le plus pauvre et le plus malheureux dans la galaxie de la Voie Lactée.

Depuis dix ans, selon l’OLUCOME, une courageuse organisation de la société civile burundaise qui lutte contre la corruption et les malversations économiques, elle en a du boulot, des milliards de francs burundais ont été détournés. Chaque année, ils sont prélevés sur les frais de location du matériel militaire et sur la solde des troupes intervenant sur plusieurs fronts en Afrique et en Haïti.

Ces milliards de francs permettent au prétendu président du Burundi de financer sa propre armée privée constituée de miliciens, les fameux imbonerakure, de policiers et de militaires dévoyés de l’armée et de la police d’Etat. Ces milliards de francs, ne laissent aucune trace dans la comptabilité publique et permettent un enrichissement personnel colossal du prétendu président du Burundi. Fort opportunément, il n’a d’ailleurs jamais rendu publique sa fortune immense comme l’exige la loi électorale burundaise.

Ainsi, ces fonds fournis par des pays donateurs, peu regardant, constituent d’abord une source intarissable d’enrichissement personnel du despote et lui permettent ensuite de financer toutes les basses œuvres visant à massacrer la jeunesse héroïque qui a osé contester, dans la rue, son troisième mandat maudit.

Les bons citoyens et les entreprises des pays donateurs qui alimentent la caisse sans fond du prétendu président du Burundi seraient dégoûtés et révoltés s’ils apprenaient que leurs impôts et taxes servent, pour entretenir une armée privée au service exclusif du dictateur burundais. Mais ces impôts et taxes servent aussi à soudoyer des troupes supplétives étrangères, des mercenaires recrutés sur le marché florissant de la région des Grands Lacs. Ces mercenaires participent à la répression aveugle et ultra violente des contestataires du troisième mandat ridicule.

Et tout ce beau monde, couvert par une impunité absolue, tue, torture, viole, séquestre les citoyens contestataires, les enterre à la sauvette dans des fosses communes et pousse à l’exil des centaines de milliers de citoyens. Hécatombes et hémorragies orchestrées pour maintenir le prétendu président au pouvoir pendant au moins 40 ans !

Alors le Burundi, le pays le plus pauvre et le plus malheureux du monde ? Certainement pas. Une galéjade, de mauvais goût, affirme Samandari Power. La vérité, la voici. Le Burundi est le pays le plus mal géré au monde et le plus pillé. Il est ruiné. Le prétendu président l’a mis sur la paille, aidé et servi par une oligarchie de prédateurs sans états d’âme.

Il suffit d’ailleurs de voir le sourire radieux qui courre d’une oreille à une autre et qui illumine le visage lisse du prétendu président du Burundi quand il reçoit en grande pompe, sous un dais de luxe, probablement en soie blanche de Chine, la noria des envoyés spéciaux débarquant à l’aéroport international de Bujumbura.

Le bilan de ces opérations de charme et de neutralisation des délégations internationales est impressionnant. Les puissances mondiales sont impuissantes. Incapables de mettre fin au chaos au Burundi. Les organisations internationales ou régionales, adeptes de la diplomatie exaspérante des petits pas pour ne pas énerver le dictateur, courbent honteusement l’échine. Les enquêteurs des organisations spécialisés dans les droits humains enquêtent et publient des rapports. Des horreurs déjà révélées par les formidables ONG burundaises. « La diplomatie pyromane », selon la très juste expression d’Ahmedou Ould Abdallah, est à la manette au Burundi. Elle ne souhaite pas soulever de vagues.

Les représentants de confessions religieuses, doux Jésus, bonté divine, croient encore et toujours au miracle. Les médiateurs régionaux peu pressés pour indisposer le si mal élu et prétendu président du pays le plus pauvre et le plus malheureux de l’univers ne forceront pas le dictateur à négocier. Ils attendent qu’il fixe lui-même le calendrier de son suicide politique. Surréaliste diplomatie internationale et africaine ! En attendant, le prétendu président du Burundi en profite pour massacrer, sans répit, à travers tout le pays, les contestataires de son mandat. Pourquoi se gênerait-il ?

Le dictateur est rayonnant. Il est heureux comme Dieu en France. Ses chaussures brillent et aveuglent les caméras du monde entier. Des kilomètres de tapis rouges couvrent le tarmac de l’aéroport international de Bujumbura. Les salons où il reçoit le beau linge de la diplomatie internationale sont fleuris et meublés, avec mauvais goût, certes, mais sont cossus et colorés. En termes d’image, il n’y a rien à dire. Le prétendu président a une sacrée longueur d’avance par rapport à l’opposition, couleurs ternies par l’exil, qui lui conteste un pouvoir usurpé.

Le Burundi est-il le pays le plus pauvre et le plus malheureux du monde ? Peut-être. Il est aussi, paradoxe, le pays le plus influent au monde. Car, enfin, quel autre pays au monde a reçu autant de Chefs d’Etats Africains venus en pompiers de proximité. Même s’ils sont reprtis bredouille sans avoir éteint l’incendie ? Quel autre pays au monde a reçu autant de fois le Secrétaire Général des Nations Unies, en personne ? Deux fois le Conseil de Sécurité des Nations Unies s’est déplacé et s’est rendu à Bujumbura, avec une intendance et une logistique qui ont dû coûter des fortunes, afin d’essayer de raisonner le prétendu président du Burundi. Un nombre incalculable d’Ambassadeurs et d’Envoyés spéciaux se sont bousculés pour lui serrer la pince et repartir avec des promesses et des engagements qui ne seront jamais honorés par le prétendu président du Burundi.

Certains diplomates sont même heureux comme des enfants à qui on aurait donné un sac de bonbons. Surtout lorsqu’ils ont été reçus sur les chantiers du prétendu président du Burundi, lieux de travaux forcés communautaires. Ces diplomates, avant de repartir, organisent des conférences de presse à Bujumbura. Ils ont des trémolos dans la voix. Ils sont émus aux larmes par tant d’honneur. Ils pourront valoriser les images des entretiens exclusifs et factices avec le dictateur. Elles les aideront à consolider leurs carrières diplomatiques. Ces hauts fonctionnaires de leurs Etats rêvent, en quittant le Burundi, d’avancements ou de marocains, de postes ministériels dans leurs pays respectifs ! Parce qu’ils ont été vus et filmés avec le prétendu président du Burundi. Loufoque !

Toutes les semaines, depuis dix ans, il ne s’en cache pas. Le prétendu président du Burundi fait une campagne électorale permanente auprès du bon petit peuple docile des collines. Il a d’ailleurs déjà commencé la campagne pour être élu en 2020 avec un score soviétique. Ses proches ont déjà commencé des neuvaines. Ils privent déjà leurs enfants de nourriture et de chocolat. Ils invoquent et supplient Dieu pour que celui-ci donne encore et toujours la victoire et le pouvoir au prétendu président du Burundi.

Rien, absolument rien, ne l’empêchera de garder ce pouvoir à vie. Une réforme de la constitution très opportune est d’ailleurs réclamée à cor et à cri par les membres de la soi-disant « Commission Nationale du Dialogue Interne ». Ces derniers se sont déjà improvisés constituants. Cette réforme supprimera la limitation des mandats présidentiels et même le mot « mandat » de la constitution burundaise. Ben voyons ! Le retour à la monarchie et à l’anarchie !

Pendant que la CVR, la Commission chargée de Vérifier si le ridicule ne tue pas et d’enterrer la Réconciliation, fait semblant d’enquêter sur les crimes imprescriptibles du passé. Le maître des lieux a amputé le processus de la justice transitionnelle burundaise. Il ne veut pas de « Tribunal Pénal Spécial pour le Burundi ». Il n’acceptera jamais de rendre compte à une justice impartiale et indépendante pour sa responsabilité avérée dans les crimes commis depuis le hold up du troisième mandat, entre autres.

Alors, comme d’habitude, le petit peuple des collines se contentera des gratifications résiduelles du prétendu président du Burundi. Quelques kilos de haricot et de riz. Parfois de la tôle ondulée pour couvrir les maisons. En retour, il faudra qu’il vote bien, le bon petit peuple. Parole d’imbonerakure ! La milice quadrille le pays. Elle le tient avec une main de fer pour le compte du prétendu président du Burundi ! Du reste, celui-ci clame sous tous les tons que son régime tire la légitimité de Dieu et du vote des véritables « propriétaires du pays », le fameux peuple des « bene gihugu. »

Rien à dire. La farce est bien jouée. Le prétendu président du Burundi est génial. Il est généreux avec les faibles, cruel et sans pitié avec les adversaires politiques. Normal !

Certains diplomates, pour revenir à eux, émissaires de leurs pays ou de leurs organisations internationales ou régionales ont seulement les honneurs des salons baroques de la République. Certains sont conviés à des banquets d’Etat et acceptent de faire bombance aux frais de la République. Cependant, Samandari Power croit savoir que les derniers cinq Chefs d’Etat de l’Union Africaine ont eu l’outrecuidance d’offenser son Excellence. Ils auraient refusé d’aller à la soupe populaire offerte par le prétendu chef d’Etat du Burundi. Chocking !

Sur cet incident, les médias n’ont pas révélé la vérité aux bons citoyens du Burundi et d’Afrique. Samandari Power leur livre, en exclusivité mondiale, la raison pour laquelle les Eminentes Excellences, envoyées de l’Union Africaine, n’ont pas touché au banquet offert par le prétendu président du Burundi. Les Chefs d’Etats, émissaires de l’Union Africaine ne voulaient pas prendre de risques pour leur santé. Et ils ont eu mille fois raison. Car, il est connu que les agents de l’ombre du prétendu président du Burundi poussent parfois le zèle jusqu’à jeter subrepticement une poudre blanche, du verre pilé, dans les boissons d’opposants étourdis. Le poison est imparable !

Samandari Power s’interroge. Mais qu’est-ce qui fait donc courir le monde entier aux pieds du prétendu président du Burundi ? Alors que tout le monde sait que l’usurpateur de la constitution burundaise et le bourreau de son peuple n’acceptera jamais les négociations que la communauté internationale et l’opposition radicale veulent lui imposer et ne cessent d’agiter comme un mantra d’une pagode bouddhiste égarée sur les rives du lac Tanganika.

Pourquoi la communauté internationale, qui n’a d’ailleurs pas validé les élections qui ont fourni le prétexte au dictateur de se maintenir au pouvoir, n’est-elle pas logique avec elle-même ? Pourquoi ne le traite-t-elle pas comme les vulgaires putschistes Sanogo du Mali et Diembéré du Burkina Faso ? Pourquoi deux poids deux mesures en défaveur du pays le plus pauvre et le plus malheureux du monde, le Burundi ? Le prétendu président nargue, intimide et ridiculise le monde entier. Pourquoi la fameuse communauté internationale accepte-t-elle l’outrage ? Que cache sa veulerie et sa couardise ?

En définitive, estime Samandari Power, c’est incontestablement le prétendu président du Burundi qui gagne, haut la main, la partie de poker menteur. Son mandat volé est, de fait, validé par la diplomatie africaine et internationale. L’opposition radicale a beau hurler sa rage sur les plus hauts sommets des montagnes du Burundi, à Mboza, Teza, Heha, Inanzegwe et Cendajuru, les vallées leur renvoient un écho affaibli de leurs vaines imprécations : Weeee Pita, teshwa ute ! You Peter, you better step down ! Pierre, tu devrais renoncer au troisième mandat !

Rien n’y fait ! Il tient bon et droit dans ses bottes. Il tient son mandat comme un hochet d’enfant. Cependant, il ne faudrait pas que le prétendu président du Burundi se réjouisse trop vite. Car le match n’est pas terminé !

Après la première visite du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour dissuader le prétendu président du Burundi de briguer le troisième mandat, Samantha Power, Eminente Ambassadrice des Etats Unis au Conseil de Sécurité, excusez du peu, cousine germaine de Samandari Power avec qui elle partage le goût pour un humour raffiné, pas bête et pas méchant, lui a suggéré de se faire violence, d’accepter de lâcher le pouvoir et de renoncer au troisième mandat. Même s’il fallait, insistait--elle, qu’il avale des grenouilles pour prendre cette décision sage et salutaire pour le Burundi.

Peine perdue. A force de roublardises, d’entêtement, de mensonges éhontés, de dénigrement de ses adversaires, d’arrogance, grâce à une maîtrise incontestable des réseaux sociaux que ses services de communication saturent, c’est, pour le moment, le Calife de Kiriri, qui fait avaler des couleuvres géantes à la communauté internationale et à l’opposition radicale. Bon appétit Messieurs, Dames ! Et bravo l’artiste !

Le 25 mars 2016, Athanase Karayenga

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